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"Sans travail et sans logement, la femme ne peut pas toujours dire non à un homme de pouvoir"


Politiblog
Lundi 13 Août 2012

A l'instar de l'affaire DSK, Dolorès Pélops/Marouvin Viramalé, candidate aux élections cantonales de mars, déplore le comportement de certains hommes en politique. Dans son interview, l'ex-championne de France de boxe française dénonce un milieu machiste où la femme a vraiment beaucoup de mal à s'imposer. Son positionnement est aussi un plaidoyer pour que les femmes s'imposent mais avec respect et dignité. Paroles de femme.


"Sans travail et sans logement, la femme ne peut pas toujours dire non à un homme de pouvoir"
Quel est votre sentiment sur l'affaire DSK ?
Je pense qu’il faut laisser la justice faire son travail, il y a présomption d’innocence tant qu’on n’a pas prouvé le contraire. Néanmoins, il n’y a pas de fumée sans feu. Il s'est sûrement passé quelque chose dans cette chambre d’hôtel. Et, c'est à la justice de dire quoi.
Mais à La Réunion aussi, il y a des petits ou des grands "profiteurs sexuels". Des hommes qui abusent de leurs pouvoirs, qui profitent de la détresse ou de la misère de certaines femmes, souvent maman, et ce pour faire des propositions douteuses. Certes, la femme peut dire non, mais quand on n’a pas de logement, ni de travail, c’est difficile. Pour dire non, il faut avoir le choix et parfois, on ne peut faire autrement.

Comment vivez-vous ce que la presse rapporte sur l'affaire DSK et sa façon de le faire ?
Je pense qu’il y a une très forte médiatisation, basée sur des rumeurs. Cela fait vendre les journaux. Mais dans cette affaire, on a trop vite oublié la victime. La presse a le pouvoir de mettre en avant ou de détruire les gens. Elle joue un rôle important. Maintenant, il y a la réalité. Qu’est ce qui s’est passé dans cette chambre ?  Laissons l'enquête le déterminer.  Car, il ne faut pas banaliser les crimes à caractère sexuel. Je ne connais pas DSK. Je sais juste que c'est un homme politique et le directeur du FMI. Les hommes de son rang, se doivent d’être un exemple.
 
Qu'est-ce qui vous a le plus choqué dans cette gestion de l'information ?
Qu’on ne parle que de DSK. Sa victime, elle, doit se cacher. De ce fait, nous avons presque l'impression que c'est lui la victime dans cette affaire. Ce qui me choque encore plus, ce sont les prises de position de sa famille politique. J'ai l'impression que le PS a tiré un trait sur lui sans le moindre regret. Sans le soutenir. Comme si le fréquenter était devenu politiquement incorrect. Comme s'il faut penser avant tout aux futures échéances électorales.
 
Vous parlez de sexisme, il y en a dans la façon de traiter ces informations ?
Oui. Selon le sexe, les mots employés sont différents. Apparemment, DSK à une libido hyperactive. Il est de notoriété que c'est un homme à femmes. Et aujourd’hui, cela lui joue des tours. Des grands hommes ont eu des aventures extraconjugales. C'était le cas de François Mitterrand, avec Dalida...

Selon vous, le sexisme est peu présent ou très présent dans la vie de tous les jours ?
Le sexisme est très présent dans notre vie. Et cela est vrai pour les deux sexes. Un homme qui voit une femme dans la rue, a envie de la séduire, C'est vrai aussi pour une femme qui regarde un homme. Sauf que dans ce cas, l’homme sera vu comme un séducteur, alors que la femme qui multiplie les aventures, n'est qu'une "salope".

C'est l'inégalité des sexes ?
Une femme de pouvoirs peut se montrer aussi sadique, perverse et manipulatrice qu'un homme. Même si c'est vrai c'est moins courant. Il est vrai aussi que la femme doit faire toujours plus que l’homme pour prouver qu’elle est aussi compétente et capable qu'un homme. Elles font beaucoup de sacrifices pour s'intégrer et se faire une place dans ce milieu masculin et machiste. Souvent les postes à responsabilités sont attribués aux hommes. Et à compétences égales, les salaires ne sont pas les mêmes. Si depuis les années 60, beaucoup de choses ont évolué, il reste encore beaucoup à faire pour que la femme soit mieux traitée à tous les niveaux de notre société.
 
Et dans la vie politique ?
C’est pire. Il n'y a qu'à voir le sexe des têtes de liste choisies à chaque échéance électorales, à voir qui ont les postes d’adjoints dans les communes ou encore le nombre de vice-présidentes dans les collectivités locales. On se sert des femmes en politique, mais on n’a pas confiance en elles. Jamais, on ne demandera à un homme : "est-ce que votre femme est d’accord pour que vous fassiez de la politique ?" Jamais, on ne demandera à un homme : "Qui garde les enfants ?"
 
Comment les hommes acceptent les femmes en politique ?
Tous les hommes ne sont machistes voire archaïques. Heureusement. J’ai côtoyé des hommes bien. Ils sont respectueux. Ils ont une certaine éthique. Ils ont une vision de la politique différente de celle du passé. Des hommes qui croient sincèrement qu'un homme et une femme sont complémentaires Et pas en compétition systématique.

C'est d'abord une question de comportement…
Sans aucun doute. Mon expérience m’a aussi appris que l’homme favorise l’homme. Qu’entrent eux, ils se la jouent énormément. Souvent on dit que lorsque dans une réunion il y a beaucoup de femmes, les élections se présentent bien. On a besoin de nous, on sait nous utiliser. Nous le voyons. Les hommes en politique cohabitent  avec nous à cause d’une loi, celle de  la parité. Ce n'est pas ça, nous accepter.

Que veulent les hommes des femmes ?
Les hommes veulent les femmes belles et connes. Des pots de fleurs qu’on contemple quand l'envie leur vient. C’est tout. Certaines femmes l’ont compris. Pour avancer, elles acceptent les règles et les sacrifices de tout ordre y compris sexuels. Toutefois, il y a des femmes qui ne sont prêtes à se soumettre à tous ces abus de pouvoir. En ce qui me concerne, mon caractère et mes valeurs font que certains politiques tentent de maintenir mon groupe et moi-même, loin des débats de société.

Comment se manifeste le machisme, le sexisme ou la misogynie des hommes politiques à l'encontre de leurs homologues femmes ?
Cela se manifeste par du mépris, ou encore, par un manque de respect. On vous reçoit, on est gentil avec vous. On vous écoute. Mais, ils savent bien qu’ils n'en feront rien. Puis, dans leurs cercles d’amis, ils se vantent d’avoir reçu telle ou telle personne.

Comment vivez-vous ces comportements masculins ?
Personnellement, je n'ai pas trop de soucis. Car je sais qui je suis. Je sais ce que je veux. Et je sais ce que je ne veux pas. De plus mon sport, mon métier et mon expérience de la vie, font que je sais me faire respecter. Ma mère ma appris, à serrer les dents, à ne pas pleurer dès qu’on élève la voix, mais plutôt à sortir les griffes dès qu’on m’attaque. De plus, l’homme qui partage ma vie me montre chaque jour qu’on peut s’améliorer tout en restant hommes et femmes. On appelle cela : trouver des compromis.

 Les hommes ont peur des femmes qui réfléchissent ?
Oui, ils ont peur des femmes qui réfléchissent, des femmes qui ont un  salaire plus élevé, des femmes qui prennent des initiatives, plus simplement des femmes qui osent. Et comme plus le temps passe, plus les femmes s’améliorent et montrent qu’elles ont les épaules larges pour supporter le poids des épreuves. Certains hommes s'enfoncent dans leur comportement machiste. Aussi, il nous revient à nous de prendre notre place, et à ne plus attendre qu’on nous la donne. Tout en respectant l’autre.

Même en politique, c'est domination et soumission ?
Dans la vie en général, il y a le dominant et le dominé. Depuis toujours, on attribue les rôles selon le sexe. Les femmes doivent être des mères et rester au foyer, et pour les hommes, c’est la politique. C’est pourquoi, l’homme domine en politique. La population a du mal à faire confiance aux femmes. Néanmoins les mœurs évoluent. L’histoire nous montre que derrière chaque grand homme il y a  eu une grande dame. C'est la mère, la femme ou encore la maîtresse. Quand les hommes pleurent, ils vont toujours dans les bras d’une femme…

Pourquoi l'homme en général et l'homme politique en particulier craint-elle la femme ?
La femme peut être dure, sensible, têtue et tenace. Elle gère les enfants, la famille, la maison, les loisirs, le budget pour les courses, les factures. C’est elle qui se lève la première et qui se couche la dernière. C'est vrai, il y a des exceptions. De plus aujourd’hui, les femmes travaillent et possèdent leur compte en banque. Elles s’épanouissent tout en restant dignes.   

Qu'est-ce qui explique que la femme au pouvoir agit comme un homme, envers les autres femmes ?
Je pense que les femmes ont tellement de pression, celle de devoir être aussi compétentes et efficaces que les hommes, qu’elles se construisent une armure. Elles ont aussi peur de mal faire, ou de trop faire pour les autres femmes. Aussi au lieu les faire évoluer, elles finissent par les oublier. Si nous pouvions être aussi solidaires que les hommes, il n’y aurait pas de problème. Si autour de ces femmes de pouvoir, il y avait d'autres femmes, certains hommes réfléchiraient avant d’agir. Mais  je rêve, car entre nous aussi, nous pouvons être très garces et jalouses. Car, la femme aussi n’a pas envie qu’une autre la dépasse ou prenne sa place. Parfois le pire ennemi de la femme, ce n’est pas forcément l’homme, c'est parfois la femme...

Fondamentalement, qu'est-ce qu'il faut faire évoluer dans le comportement humain ? Et comment ?
Les femmes éduquent les enfants, de plus en plus avec leur père. Dès petit, il faut leur apprendre le respect des autres et de lui-même. Ne  pas faire de discrimination entre filles et garçons. Partager les tâches ménagères, le jardinage, sans porter attention au sexe de l’enfant.  Valoriser un peut plus nos filles. Ensuite, apprendre à nos garçons à aider les autres frères et sœurs pour plus tard construire sa famille.  

Il y a d'autres outils sur lesquels intervenir ?
Faire un travail avec les médias, les entreprises, les collectivités, sur l’image de la femme. Ne pas attendre la journée de la Femme pour faire valoir les droits de la femme. Créer des réseaux d’aides pour soutenir la famille, car la femme vit dans un environnement, il faut aussi prendre cela en compte.

Sur ce sujet, quel est votre souhait ?
L’homme et la femme ne sont pas ennemis, ni concurrents. Nous sommes naturellement et physiologiquement complémentaires. Ensemble, nous pouvons et nous devons construire notre société, ensemble. Chacune et chacun ont une part de responsabilité. Cette responsabilité n'est pas liée au sexe, mais à l'engagement, à des règles, des valeurs et à un objectif commun. Ce que je souhaite c’est que chaque individu homme ou femme trouve sa place, sans nuire à autrui.
Enfin, mon souhait en politique serait que certains hommes réfléchissent à leurs capacités à comprendre les familles, leurs besoins et qu’ensemble, nous soyons de vrais acteurs sociaux.

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